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Des indicateurs pour la France Le contexte global : la France face aux principales économies du monde

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Nous commençons aujourd’hui la publication d’une série d’indicateurs économiques et sociaux permettant d’apprécier la situation de la France, de ses entreprises, de ses forces de travail, par rapport à celle de nos principaux partenaires et concurrents.

La première série de données regroupe 13 indicateurs fondamentaux mesurés, vers 2018/2023, pour une vingtaine de grands pays.

Ce panorama global sera complété et enrichi au cours des prochains mois par différents coups de projecteur sur :

*l’évolution, depuis une trentaine d’années, de chacun de nos indicateurs ;
*la situation et l’évolution de ces indicateurs comparées à celles de nos principaux voisins européens ;
*des indicateurs plus spécifiques aux entreprises et à l’emploi.
Pour faciliter la compréhension, chaque publication de nos indicateurs sera accompagnée des précisions méthodologiques nécessaires et d’un bref commentaire.

Sommaire :

1) Sources et méthodes

Sur les pays étudiés

– Sur les indicateurs

– Sources des indicateurs

– 2) Résultats et commentaires

Sources et méthodes

Sur les pays étudiés

Leur choix repose sur un critère simple : inclure tout pays qui, à la fois, a une population de plus de 25 millions d’habitants et un produit intérieur brut (PIB), exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPA), de plus de 1 400 milliards de dollars en 2021. Vingt pays répondent à ce critère. Celui-ci exclut des pays fortement peuplés mais de trop faible PIB : Nigeria, Pakistan, Bangladesh, par exemple. D’autres pays, notamment européens, ont un niveau de vie élevé, mais ni leur population ni leur PIB n’ont un poids suffisamment significatif. Il ne semble pas nécessaire d’aller au-delà pour un panorama général : avec ces 20 pays, on couvre déjà 60 % de la population mondiale et 75 % du PIB mondial.

Sur les indicateurs

Nous en avons retenu treize :

* La population (indicateur 1).
* Le PIB et le PIB par tête (indicateurs 2 et 3). Aucun indicateur n’est sans doute entièrement satisfaisant pour comparer les niveaux de richesse entre pays. Mais en tout cas, le PIB exprimé en parité de pouvoir d’achat (PPA, dit encore standard de pouvoir d’achat, SPA) est reconnu par la plupart des spécialistes comme le meilleur instrument de mesure pour de telles comparaisons. Il est désormais utilisé par tous les grands organismes statistiques internationaux.
* L’espérance de vie (indicateur 4) est ici mesurée Ã  la naissance.
* L’indicateur de fertilité (5) est ici le nombre d’enfants nés vivants. C’est un indicateur instantané (calculé sur la population des femmes existant pendant l’année considérée), et non pas longitudinal (calculé sur une cohorte de filles nées au cours d’une année donnée).
* Le score PISA (Programme International pour le Suivi des Acquis des élèves) en mathématiques vers 15 ans (indicateur 6). Il existe aussi un score PISA « littéraire Â» et un score « scientifique Â». D’autres enquêtes internationales existent (TIMSS, Trends in Mathematics and Science Study ; PIRLS, Program in International Reading Literacy), avec des résultats parfois plus récents que 2018, mais avec moins de pays participants. Les résultats de PISA 2022 sont attendus fin 2023.
*Le taux de chômage au sens du Bureau international du travail, le BIT (indicateur 7), permet les comparaisons internationales, ce que ne permettent pas les statistiques de Pôle emploi.
*Le solde de la balance courante des comptes extérieurs (indicateur 8) se définit comme suit : solde des échanges de biens et services (balance commerciale) + solde des paiements de revenus (salaires, dividendes, intérêts) + solde des transferts courants (dons, aides) entre résidents et non-résidents. Il diffère du solde de la balance des paiements, plus volatil, qui inclut les transferts en capital et les transferts financiers.
*Dette publique brute (indicateur 9). Les statistiques de dette publique de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) ne portent pas sur l’ensemble des pays retenus pour la comparaison ; lorsqu’elles portent sur ces pays, les données ne concernent pas toujours l’année la plus récente. On a donc choisi ici de présenter les données du Fonds monétaire international (FMI), plus abondantes et plus récentes. Elles ne concernent l’ensemble du secteur public que dans 2 pays. Toutefois, le FMI fournit aussi des chiffres pour l’ensemble des pays et pour le seul general government (administrations publiques avec les banques centrales mais sans les entreprises, banques et institutions financières publiques). À titre de comparaison : la dette publique brute de la France était en 2021 égale à 138 % du PIB, selon l’OCDE, et à seulement 113 %, selon le FMI (general government). Rappelons que, la même année, la dette publique de la France « au sens de Maastricht Â», définition comparable avec les autres pays de la zone euro, était de 112,9 % du PIB en fin d’année (c’est peu ou prou le même chiffre que celui du FMI) ; de son côté, notre institut national statistique, l’INSEE, évaluait la dette brute publique française, au sens des comptes nationaux, à plus de 150 % du PIB à la fin de 2021.
*L’indicateur 10 (taux d’intérêt des obligations d’État) porte sur des obligations à long terme de durée voisine de 10 ans. Il permet de comparer entre pays les coûts de financement des investissements (pour les meilleurs risques) et les conditions de financement des dettes publiques nouvelles de l’année. Pas de données pour l’Iran et l’Arabie Saoudite (prohibition du prêt à intérêt).
*L’emprunt (ou plus rarement le prêt) public net de l’année (indicateur 11) est la contrepartie du solde annuel des dépenses courantes et des investissements, c’est-à-dire du déficit (ou de l’excédent) des budgets publics. Il est une mesure indirecte de ces déficits ou excédents.
*Le taux annuel d’inflation (indicateur 12) est glissant, c’est-à-dire mesuré entre le début et la fin de la période annuelle considérée (ici 2022).
*Les prélèvements obligatoires (indicateur 13) comprennent à la fois les impôts et les cotisations sociales obligatoires. La comparaison entre pays de l’indicateur « prélèvements obligatoires / PIB Â» s’interprète différemment de celles des indicateurs de dette publique et de déficit public. Plus que la dette et le déficit, le taux de prélèvement public varie d’un pays à l’autre en fonction de choix d’organisation, de financement et de conventions comptables qui conduisent à considérer les comparaisons avec plus de précaution (cf. les commentaires méthodologiques du site FIPECO ou du Conseil des prélèvements obligatoires, en ligne).

Sources des indicateurs

1 Population : The World Bank, Data, Population, Total ; année 2021.
2-3 PIB : The World Bank, Data, GDP, PPP (current international $) ; année 2021 (consulté 13 avril 2023).
4 Espérance de vie : ONU, World Population Prospects 2022, tableau Excel « Life Expectancy at Exact Age, Both Sexes, Estimates, 1950-2021 Â», colonne « 0 Â» ; année 2021.
5 Fertilité : ONU, World Population Prospects 2022, tableau « Total fertility rate (live births per woman) Â» ; année 2021.
6 Score PISA : OCDE, PISA 2018 Results, vol. I, 2019, tableau I, 1, colonne « Mean score in PISA 2018, Mathematics Â» (en ligne).
7 Taux de chômage : Bureau international du travail (BIT), Banque de données ILOSTAT, Unemployment rate by sex and age, ILO modelled estimates (nov. 2022), population de 15 ans et plus, année 2021.
8 Solde de la balance courante : IMF Datamapper, World Economic Outlook (avril 2023), Current account balance, percent of GDP ; année 2022.
9 Dette publique brute : IMF Datamapper, World Economic Outlook (avril 2023), General government gross debt, percent of GDP ; année 2022.
10 Taux d’intérêt des obligations d’État : site investing.com, Obligations d’État (1e colonne, « taux Â») (consulté 14 avril 2023).
11 Emprunt net public : IMF Datamapper, World Economic Outlook (avril 2023), General government net lending/borrowing, percent of GDP ; année 2022.
12 Inflation : IMF Datamapper, World Economic Outlook (avril 2023), Inflation rate, end of periode consumer prices ; année 2022.
13 Prélèvements obligatoires : OCDE, Global Revenue Statistics Database (2022), Total tax revenues, % of GDP, 2021.

Résultats et commentaires

Les valeurs prises par nos 13 indicateurs, pour les années 2018 à 2023 selon les cas, sont présentées dans le tableau qui suit, pour chacun des 20 pays considérés, classés en ligne par niveau de population décroissant. On peut ainsi, en un seul coup d’œil, comparer les situations des uns et des autres et, notamment, celle de la France, sur un champ de 3/5e de la population mondiale et de ¾ du PIB mondial.

Tableau de bord de la France et de 19 autres pays

Trois choses au moins sont à noter :

* La France est loin d’être mauvaise partout : espérance de vie, fécondité, taux d’intérêt notamment. Le niveau de vie par habitant et le score PISA en maths ne sont nullement ridicules. Dans l’ensemble, cela donne l’impression qu’il ne faudrait pas grand-chose pour mettre le pays sur de meilleurs rails… à condition de maîtriser notre endettement public et le niveau des prélèvements obligatoires.
* Les Asiatiques de l’Est progressent et semblent s’apprêter à prendre le pas sur l’Occident. C’est déjà le cas, de façon spectaculaire, pour le score PISA. Un gros point faible néanmoins : la fécondité.
* Le score des États-Unis est devenu faible ou médiocre pour pas mal d’indicateurs :
   c’est le cas pour les indicateurs démographiques : espérance de vie (cf. la lettre IRDEME-EPLF : « Le plafonnement et le recul de l’espérance de vie aux États-Unis Â», 13 octobre 2022), fécondité (ils sont passés nettement derrière nous) ;
   le score PISA est très en dessous de celui des pays est-asiatiques ; il est plus faible que dans la plupart des pays d’Europe, y compris la Russie ; les États-Unis gardent un gros potentiel d’excellence universitaire, mais avec le wokisme, combien de temps les universités américaines resteront-elles attractives ?
   pour le solde extérieur, la dette publique, le taux d’intérêt à long terme, le déficit public, ils font plus mal ou pas mieux que nous ;
   même pour le chômage, leur performance comparée semble décliner : moins bonne en 2021 qu’en Asie de l’Est, en Allemagne, au Royaume-Uni et même qu’en Russie, en Indonésie et au Mexique ;
   restent trois points forts, dont l’un apparaît dans nos indicateurs, les deux autres non : le niveau de vie (n° 1 des 20 pays) ; l’armée ; le système financier et le dollar (mais sur le dernier point, on peut s’interroger à moyen terme : cela mériterait une analyse approfondie).

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